samedi 28 avril 2012

Articles et Entretiens sur Internet (1)

La bande dessinée sur le bout de la langue

par Christian Rosset

[janvier 2010]


Il y eut le Concombre, “mais alors, pas du tout sympathique”, de Robert Pinget qui “se dorait” sans masque “sur la plage”. “Il se gonflait, l’œil mi-clos, le pédoncule provoquant. Les concombresses en étaient folles”. Il y eut les figures érémitiques que l’on rencontrait jadis à la lisière – des villes, des forêts, des déserts – où la mort lente est aux aguets. Il y eut ces personnages de fiction : justiciers masqués, héros chastes mais bien montés, marginaux excentriques se nourrissant de substances génératrices d’étrangeté – inquiétante, parfois, mais le plus souvent doucement hallucinante. Il y eut enfin le Concombre Masqué - légume animal-humanoïde (humano-animaloïde ?) – que Nikita Mandryka dessinait depuis l’enfance et qui surgit le 1er avril 1965, dans l’hebdomadaire Vaillant (“— Qui êtes-vous ? — Je n’en sais rien : je suis masqué”) : une créature des plus complexes et cependant d’une simplicité presque enfantine, parlant droit au cœur des plus jeunes (mais aussi de biais et en tous sens, ce que révèle l’analyse la plus immédiate et plus précisément encore celle, ô combien interminable, dont l’inventeur du Concombre masqué a semble-t-il tiré quelque lumière)...


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Un vaillant concombre masqué

par Évariste Blanchet

[janvier 2010]


En ce début avril 1965, l’arrivée du Concombre Masqué coïncide avec la nouvelle formule de Vaillant. La légère réduction du format et le nouveau papier de moindre qualité, indices d’une santé financière médiocre, s’accompagnent de transformations dans le contenu : réduction drastique des enquêtes et reportages, remplacement du court récit complet avec des personnages non récurrents par un épisode de douze planches d’un héros-vedette. L’heure est alors à la réforme, celle de la révolution ne sonnera que quatre ans plus tard, quand ce qui est désormais Vaillant le journal de Pif se transformera en Pif Gadget...

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« Le fin du fin de l’excellence humaine,
c’est de penser par soi-même »

Un entretien avec nikita mandryka
par Jean-Pierre Mercier

[janvier 2010]


À l’occasion de la sortie du Monde fascinant des problèmes, dernière en date des aventures du Concombre Masqué, Neuvième Art revient avec Mandryka sur son parcours, son enfance et les sources multiples de son inspiration.

Neuvième Art : Pourriez-vous revenir sur ce qui, à vos yeux, a déterminé votre vocation de dessinateur de bande dessinée ?

Nikita Mandryka : Quand j’étais gosse, quand j’allais à l’école, tout ce qu’on me racontait m’ennuyait profondément. Quelque chose ne me plaisait pas. J’écoutais mais je passais mon temps à gribouiller sur les couvertures de mes cahiers pour être ailleurs. Plus tard, j’ai pensé que le fait de faire de la bande dessinée depuis que je suis gosse avait été une façon de me réfugier dans un autre monde que celui dans lequel je vivais, d’où j’ai conclu que le monde dans lequel je vivais ne me satisfaisait pas. J’avais besoin de m’abstraire du monde dans lequel j’étais...

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